mercredi 30 septembre 2009

Une déplorable atmosphère politique dans les années 30 en France.

Voici deux exemples qui montrent l'extrême violence du théâtre politique de l'époque : Blum a été souvent attaqué par des membres de ligues antisémites.

-les attaques ont été verbales :

Voici une intervention à l'Assemblée nationale du député Vallat, antisémite notoire et futur commissaire aux affaires juives de Vichy, lors de la présentation du gouvernement de Front populaire par Blum, le 6 juin 1936 :


Vallat : Votre arrivée au pouvoir, monsieur le préisdent [Léon Blum], marque une date historique. Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain va être gouverné...


Herriot [président de l'Assemblée nationale] : Prenez garde, monsieur Vallat !


Vallat :...par un juif, j'ose dire à haute voix, voila ce que le pays pense.


Herriot : Paroles inadmissibles du haut d'une tribune française ! Même chez vos amis [la droite] vous ne trouverez pas une approbation aussi complète que vous semblez l'espérer.(...) je ne connais ni juif, ni protestant, ni catholique. Dans cette assemblée, je ne connais que des Français.





-les attaques ont été physiques. Blum a été victime d'un attentat à caractère antisémite quelques moi auparavant (13 février 1936).

Quel est l’héritage du Front populaire ?

Des avancées sociales considérables :
-une réduction de la semaine de travail limitée à 40 heures. En 2009, la limite horaire hebdomadaire est de 35 heures. Cette mesure n'était pas toujours bien accueillie à l'époque, comme le montre cette affiche.

-une reconnaissance par les entreprises des droits syndicaux et la création de délégués ouvriers (accords Matignon).

-quinze jours de congés payés. En 2009, nous bénéficions de cinq semaines de congés payés.
Si ces avancées ont été attendues avec impatience joyeuse (grèves joyeuses de juin 1936 vues en cours), le manque d’information des ouvriers a pu créer des tensions avec le gouvernement de gauche, comme le montre cet extrait de l’Affaire Salengro, d’Yves Boisset (2009).
Une ouverture du monde ouvrier vers les loisirs, sous l’égide de Léo Lagrange :
-des auberges de jeunesse en France, et après 1945 partout en Europe. Un moyen facile et pas cher de partir en voyage, toujours valable aujourd’hui !


-des infrastructures sportives placées au cœur des quartiers populaires, comme le complexe Stade-Parc / piscine Salengro de Bruay-la-Buissière, qui accueillent toujours sportifs, baigneurs et spectacles (comme ce Waterborn de la compagnie de danse contemporaine Carolyn Carson).














Une nouvelle façon de faire de la politique :
-Irène Joliot Curie, fille de Pierre et Marie Curie, co-prix Nobel de physique pour ses recherches dans le domaine nucléaire avec son époux, devient sous-secrétaire d’état à la recherche. Elle ouvre la voie à une longue lignée de femmes ministres.

dimanche 27 septembre 2009

6/ Vimy.

Un gigantesque bataille met aux prises 35 000 Canadiens et 10 000 Allemands le matin du 9 avril 1917. Plus de 11 000 Canadiens y perdent la vie. Le monument commémoratif posé sur la ligne de crête et dominant toute la plaine de Flandre jusqu’à Lille et aux collines de Belgique porte le nom des victimes identifiées. Le parc de 110 hectares est propriété canadienne depuis 1922 et la forêt qui l’entoure est composée d’essences importées du Canada.

Réponse au questionnaire :


Une ligne de tranchée reconstituée permet de voir l’aspect des tranchées de l’époque : souvent moins hautes qu’un corps debout, organisées en lacet pour éviter les tirs en couloir, sommairement aménagées autour d’un énorme cratère provoqué par une mine souterraine.




Les tunnels ont servi d’abris aux troupes avant l’attaque, de point de retrait pour l’état-major, de base de repos et de départ pour les estafettes (espérance de vie moyenne dans le poste : 7 jours !). Elles ont aussi été un moyen de contourner les lignes allemandes par en-dessous, en posant des mines souterraines meurtrières. Les conditions de vie ont été difficiles (obscurité, pas de lieux d’aisance, humidité, obsession du silence).

5/ Le cimetière allemand de la « Maison blanche » (Neuville Saint-Vaast)


Réponse au questionnaire :


C'est la plus importante nécropole allemande de la première Guerre Mondiale en France. Elle compte 44 833 soldats en Artois, notamment lors des batailles de la colline de Lorette d'août 1914 à fin 1915, des hauteurs de Vimy en 1917 et au printemps 1918 et appartenant à plus de 100 unités militaires allemandes différentes. Elle est édifiée sur plus de 10 hectares, au hameau de la maison Blanche, dont la ferme fait face au cimetière.Elle dispose d'un bâtiment d'entrée avec un relief de la région des combats. 36 793 soldats reposent dans des tombes individualisées, dont 36 178 nominatives, et 8 040 en ossuaires.Du centre de la nécropole marqué par une grande croix noire partent des allées bordées d'acacias. Sur chaque croix noire en fer figure l'identification de 4 soldats. Cent vingt neuf sépultures juives, mêlées aux autres tombes sans distinction, sont marquées par des stèles en pierre.

4/ Le cimetière du « Cabaret rouge » (Souchez)



Réponse au questionnaire :

Le cimetière a été aménagé par les troupes britanniques, en mars 1916. Il a été utilisé jusqu'en août 1917, principalement par le Corps d'armée canadien et la UK's 47th (London) Division. Par la suite, il a été peu utilisé jusqu'en septembre 1918. Après l'Armistice, il a été considérablement agrandi en raison de la concentration de plus de 7 000 sépultures venant des champs de bataille autour d'Arras et d'autres lieux de sépulture situés dans les régions administratives françaises du Nord Pas-de-Calais. « Cabaret-Rouge » fait référence à une maison qui se trouve à environ un kilomètre au sud de Souchez. Ce nom fut en outre donné à la tranchée de communication qui se termine à l'est du cimetière. Le cimetière compte environ 8 000 sépultures britanniques, dont celles de 325 Canadiens identifiés et 425 non identifiés (plus quatre tombes allemandes).

Le 25 mai 2000, les dépouilles d’un soldat non identifié mais canadien (lot 8, rangée E, sépulture 7) ont été ramenés à Ottawa (Canada) pour constituer la tombe du soldat inconnu de la nation candienne.

3/ Lorette.


La bataille de Lorette a duré 12 mois, d'octobre 1914 à octobre 1915 et fait de très nombreuses victimes : environ 100 000 tués et autant de blessés dans les deux camps. Visibles dans les sous-bois, d’anciens boyaux peu profonds sont encore visibles. La distance la plus proche entre tranchées françaises et allemandes est de 5 mètres. Un cimetière national a été élevé sur 13 hectares comprenant 20 000 tombes individuelles. Les tombes se présentent suivant l'ordre des réinhumations, sans distinction de grade, ni de formation militaire: le Général Barbot repose à son rang aussi modestement que le simple soldat inhumé à sa droite. Dans huit ossuaires, le principal au pied de la tour lanterne, sont rassemblés 22 970 inconnus. Une partie du cimetière a été réservée aux soldats musulmans et de confession juive.

Au centre du cimetière, le monument comprend deux parties :

- La Tour lanterne (52 mètres de haut, 200 marches) dont la première pierre fut posée par le maréchal Pétain le 19 juin 1921. L'inauguration a eu lieu le 2 août 1925. Sa lampe de 3 000 bougies veille chaque nuit à raison de cinq tours par minute. À l'intérieur, une chapelle ardente renferme 32 cercueils dont un contenant le corps d'un soldat inconnu de 1939-1945, un second le corps d'un soldat inconnu d'Afrique du Nord, un troisième celui d'un soldat inconnu d'Indochine. Un reliquaire contient terre et cendres des camps de concentration. Sous la dalle centrale reposent 6 000 corps.

- La Chapelle : d'allure romano-byzantine, elle fut bénie par Monseigneur Julien le 26 mai 1927. .

L'Association dite du Monument de Notre-Dame-de-Lorette fondée en 1920, a pour but de concourir avec les autorités administratives à l'embellissement du cimetière national et de prendre généralement toutes initiatives tendant à perpétuer le culte des morts de toutes les guerres. Elle est composée en 2007 d'environ 3890 membres répartis en membres fondateurs, associés, et de la Garde d'Honneur (3503 membres en 2008).La Garde d'honneur veut maintenir le souvenir des "Morts pour la France". Elle représente les familles des victimes. Elle délègue chaque jour, du 15 Mars au 11 novembre, plusieurs de ses membres afin de monter une garde permanente à l'ossuaire et de renseigner les visiteurs. Chaque dimanche de cette période, près de la Tour lanterne, la Flamme du Souvenir est ranimée à 11h45 par le chef de groupe des gardes dont c'est le jour de présence. La participation à cette cérémonie d'anciens combattants ou d'associations patriotiques est fréquente.

2/ Aix-Noulette : le monument aux morts et le cimetière.

Réponse au questionnaire :

La statue représente un poilu en position de défense, bombant le torse. Elle s’oppose à de nombreux autres monuments aux morts dont les images sont empreintes de tristesse, voire d'un rejet net de la guerre (monument de Liévin). Sous les pieds du soldat, il est écrit : « On ne passe pas », message clairement adressé aux Allemands, réaffirmant l’intangibilité de la frontière alsacienne.

Sur le monument, plus de cent victimes sont inscrites. Elles représentent 21% de la population de la commune (1914). La moyenne du nombre de décès dûs à la guerre dans les communes de France est de 10%. La surmortalité d'Aix-Noulette s’explique surtout par le fort nombre de victimes civiles. Au début de la guerre, le village a subi de sévères bombardements (obus) en provenance de la ligne de front toute proche, à un moment où la population locale n’était pas encore complètement évacuée.

Au cimetière communal, nous avons trouvé trois tombes de soldats canadiens portant des patronymes japonais (emplacement : rangée L sépulture 19, rangée N sépulture 9, rangée 0 sépulture 8) : des immigrés venus s’installer aux Etats-Unis (pays neutre jusqu’en 1917), qui ont volontairement passé la frontière pour s’enrôler dans les forces canadiennes.

1/ Le cimetière de Sains-en-Gohelle.



Placée à quelques mètres de la ligne de tranchées, la cité du n°10 de Sains a été le théâtre de vifs combats. Ses écoles ont accueilli plus de 20 000 blessés.

Le cimetière communal témoigne de cette position particulière sur le front. 893 soldats français y reposent, aux côtés de plus de 400 tombes de soldats alliés (214 Canadiens, 203 soldats du Royaume-Uni et un Australien).

Dans le fond, un carré particulier regroupe 49 tombes de Chinois morts entre 1917 et 1919. Les conditions de vie de ces soldats indigènes britanniques ont été particulièrement difficiles : mauvais traitement des autorités militaires, travaux pénibles de manutention et de terrassement, méfiance des populations locales, isolement de la petite colonie dans le bois de Bouvigny. 33 d'entre eux sont morts en 1919.

mercredi 23 septembre 2009

L'URSS de Staline, données...

Vocabulaire :


Communiste : Membre d’un parti souhaitant la création d’une société fondée sur la mise en commun des moyens de production, d’une manière violente (Révolution).

Communisme de guerre : Mise en place brutale de la collectivisation des biens et des moyens de production en Russie par Lénine lors de la guerre civile (1918-1921).

Culte de la personnalité : Propagande personnelle d’un chef afin d’accroître l’affection du peuple à son égard.

Goulag : Ensemble des prisons et des camps de travail en URSS.

Guépéou : Premier nom de la police politique soviétique.

Kolkhoze : Ferme d’Etat en URSS avec mise en commune des terres et des moyens de production.

Koulak : Paysan riche et refusant le kolkhoze.

NEP : Nouvelle économie politique. Politique de Lénine réintroduisant un peu de propriété et d’initiative privées dans l’économie soviétique, afin de relancer l’URSS après quatre ans de guerre civile.

NKVD : Nom de la police politique soviétique remplaçant la Guépéou.

Plan quinquennal : Plan de cinq ans fixant des objectifs obligatoires à l’économie soviétique.

Propagande : Pression exercée par un état sur son peuple pour lui manipuler l’esprit et les idées.

Réalisme-socialiste : art codifié par l’état soviétique dont le but st de montrer les bons aspects du socialisme de façon compréhensible par tous.

Soviet : Conseil composé de soldats et d’ouvriers crée en 1917 au moment de la Révolution et favorable à un état communiste.

Stakhanovisme : Mouvement de propagande visant à prendre pour modèle, Stakhanov, ouvrier exemplaire, afin d’accélérer la production industrielle en URSS;

Totalitarisme : Dictature dont le but est de contrôler tous les niveaux de la société et de la vie des individus afin de parvenir au changement profond d ‘une population : l’Homme nouveau de Révolution en URSS, l’Aryen en Allemagne.

URSS : Union des républiques socialistes soviétiques, nom donnée à la Russie et aux Républiques associées (Ukraine, Républiques d’Asie centrales), en fait des colonies, après 1922.

Conseil !!! Ne confondez pas Koulak et Goulag !


La liste des dates repères de 3 e à savoir par cœur :

1917, Révolution russe. 1929, collectivisation des terres en URSS. 1934-1938, Grande terreur. 1936-1938, procès de Moscou.

Les personnages :
Lénine (1970-1924) : né Vladimir Illich Oulianov dans une famille bourgeoise. Il entreprend des études de droit et adhère au parti social-démocrate avant de devoir s’exiler pour ses opinions. Il revient en Russie après la Révolution de février 1917, expose ses idées dans les « Thèses d’Avril » et s’empare du pouvoir après la Révolution d’octobre 1917. Malgré la guerre civile (1918-1921) qui s’en suit, il impose avec brutalité le communisme (Communisme de Guerre) avant de laisser une certaine liberté aux acteurs économiques russes (NEP). Victime d’une tentative d’assassinat, il meurt en 1914.


Staline (1979-1953) : né Iossif Vissarionovitch Djougachlivi, en Géorgie dans une famille pauvre. Il devient révolutionnaire après avoir voulu être prêtre. Il se bat dans la clandestinité et l’illégalité (période durant laquelle il prend son pseudonyme de Staline, homme d’acier). Commissaire aux nationalités après la Révolution d’octobre 1917 puis secrétaire général du Parti communiste d’URSS, il élimine ses adversaires après la mort de Lénine.




Conseil !!! Ne confondez pas Lénine et Staline !

Trotski Léon (1879-1940) : Révolutionnaire bolchevique, il joue un rôle très actif dans la préparation et l’exécution de la Révoltions d’octobre 1917 en Russie. Fondateur de l’Armée rouge durant la guerre civile (1918-1921) et partisan d’une révolution mondiale, il s’oppose à Staline après la mort de Lénine. Ecarté du parti puis de l’URSS, il est contraint à l’exil en 1929. Staline le fait assassiner à Mexico en 1940.
Des oeuvres pour continuer :
Cinéma : il faut voir certains films de Eisenstein pour comprendre comment un grand artiste peut composer avec les canons du réalisme-socialiste, comment une oeuvre de propagande peut aussi être une oeuvre d'art (Le cuirassié Potemkine, Octobre, Alexandre Nevsky), comment on peut critiquer Staline malgré les interdits (Ivan le terrible).
Plus contemporain, Soleil trompeur de Nikita Mikhalkov (1993) qui décrit les derniers heures de bonheur d'un général de l'Armée rouge, avant que la police secrète ne l'arrête et le "purge".
Livres : le réalisme-socialiste n'a pas tué la grande littérature russe. Des écrivains majeurs mais difficiles, à lire plus tard (Pasternak, Babel, Soljenetsine, Grossman). Le dernier et formidable roman de Robert Littell, L'hirondelle avant l'orange, est accessible aux plus curieux (commentaire sur k-classroom).

samedi 19 septembre 2009

Staline, jeunesse et prise de pouvoir.

Des révélations sur la jeune et l’ascension de Joseph Staline dans cette vidéo du site France 24. Le reportage est situé en début de séquence. Attention, chargement assez long.

En haut à gauche, un cliché pris en 1926 avec de gauche à droite Antipov, Staline, Kirov, Chvernik et Akoulev. En bas, les versions successives du même cliché retouché (dates non précisées). Sur la dernière version il ne reste plus que Staline. Comment le dictateur se débarrasse des adversaires du parti par le biais de la manipulation des images officielles.

lundi 14 septembre 2009

Voyage : sur les traces des morts de la Grande guerre.

Voyage le mardi 22 septembre de 9 h 30 à 18 h 15. Prévoir de bonnes chaussures de marche, un casse-croûte, un vêtement de pluie, un pull, un stylo et son air attentif et intelligent. Programme détaillé demain.

dimanche 13 septembre 2009

Histoire des arts : pour aller plus loin avec Otto Dix...

Je vous conseille de visiter :
-un site magnifique sur le rapport des peintres à la guerre 14-18 (cherchez les œuvres d’Otto Dix dans le sommaire).
-une page du site de l’Historial de Péronne, qui expose quelques eaux fortes du peintre allemand.
-une page d’un site d’anciens combattants montrant certains dessins de guerre
-une galerie virtuelle retraçant l’ensemble de son œuvre.

Histoire des arts : Otto Dix et l'après-guerre des combattants survivants.

Après la guerre, Dix a réalisé deux tableaux montrant les conséquences physiques de la Grande guerre sur les anciens combattants. « Gueules cassées » des Joueurs de cartes (1920), estropiés de Rue de Prague (1920) dont les caractéristiques physiques sont exprimées jusqu’au grotesque. Au début des années 1920, les états n’ont pas peur de montrer la dévastation physique laissée par la guerre, à la fois par fierté et par devoir de mémoire. La laideur, jusque là cachée par la censure, a été récupérée par les discours officiels et les associations d’anciens combattants. Au Congrès de Versailles, Clemenceau fait aligner quelques "gueules cassées" devant les délégués allemands pour montrer les conséquences humaines de la guerre et susciter en eux un sentiment de culpabilité. Les soldats n'hésitent pas à afficher leurs difformités en public. Le plus souventn, les peuples acceuillent cet étalage morbide avec respect.
Le propos de Dix se situe à rebours de cette récupération dramatique et patriotique des traces de la souffrance militaire. Dix choisit de montrer les soldats comme des pantins ridicules.

Dans Les joueurs de cartes, le décalage entre la banalité de la situation (le jeu) et l’aspect monstrueux des joueurs est frappant (un joueur tient la carte avec son pied). Le fait qu’un autre porte fièrement la croix de fer à sa veste est sans doute une critique du peintre à l’égard du nationalisme excessif exprimés par certains anciens combattants allemands.

Rue de Prague est plus complexe, avec ses victimes directes (les mutilés, les prothèses dans la vitrine) et indirectes (la petite fille seule est-elle une orpheline ? La grosse dame en rose dont on devine le jupon est-elle une prostituée ?). Les invalides sont amoindris (mis au même niveau que le chien, plus bas que la dame en robe rose). Cette toile n'est pas non plus exempte d'allusions politiques. Près du cul-de-jatte au buste monté sur une planche à roulettes, Dix a collé un tract ou une affichette, qui porte en titre Juden raus ! - Dehors les Juifs. Les ligues d'anciens combattants sont très sensibles à la propagande ultranationaliste, dont l'antisémitisme une importante composante. Aussi peut-on voir dans l'œuvre, tout à la fois, une analyse de la société allemande de la défaite et une préfiguration de ce qu'elle devient dans l'entre-deux-guerres.

Dans les années 1930, le propos lucide et pessimiste de Dix qui a profondement choqué les nazis. Ces derniers ont rapidement condamné voire détruit une partie de son œuvre (La tranchée).

Histoire des arts : Otto dix, témoin de l'angoisse combattante.



Comparez l'angoisse, l'horreur exprimées dans cette eau-forte de 1916 (Le blessé) avec cet article de presse français typique du "bourrage de crânes" de l'époque : "Les blessures causées par les balles ne sont pas dangereuses.[...] Les balles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure..." ( L'Intransigeant, 7 août 1914).

Histoire des arts : Otto Dix, témoin des souffrances du front.


Cette quête obsessionnelle a donné à l’historien des témoignages saisissants sur la vie quotidienne déplorable des soldats, comme un équivalant graphique aux témoignages de guerre écrits (Le feu, A l’ouest rien de nouveau), d’autant plus précieux que peu d’images photographiques de l’époque montraient la réalité des tranchées dans la presse illustrée, à cause de la censure. Ces dessins (300 au total) contredisent en outre les affiches officielles de propagande, qui présentent de façon mensongère des guerriers juvéniles et valeureux, prêts à partir au combat. Les croquis de Dix ont aussi permis de représenter l’impact d’une nouvelle forme de guerre sur le corps des soldats (mutilation, désintégration des organismes). Si des photographies prises par certains soldats en quête de spectaculaire et d’un trophée facile sur le corps de l’ennemi circulent au début de la guerre, elles sont vite interdites et censurées par l’autorité militaire, afin de ne pas atteindre le moral de l’arrière. Ici, l’art d’un seul peintre rend mieux compte de la vérité des tranchées que les images de la presse et de l’état.

Histoire des arts : Otto Dix, un peintre face à la Grande guerre.

Otto Dix (1891-1969) s'engage volontairement durant la Première Guerre mondiale et combat en France et en Russie. Il participe à la guerre des tranchées de l'Artois et de la Champagne de novembre 1915 à décembre 1916, ainsi qu’à deux grandes batailles sur les bords de la Somme. L'horreur de la guerre le marque énormément et devient la base de ses œuvres. D'après un entretien de 1961, il déclare :
« C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu.»
Il a souvent confié qu'il allait en première ligne à sa demande, car, même s'il avait peur, il voulait voir des hommes tomber à ses côtés dans sa quête de réalisme hideux.

jeudi 10 septembre 2009



Voici le portrait de groupe officiel de la délégation française de "gueules cassées" que le gouvernement a souhaité montrer au public, et surtout à la délégation allemande, durant les discussions du traité de Versailles en 1919. Cinq combattants soignés au Val de Grâce à Paris et appelés par Georges Clemenceau. Manière de dénoncer les "atrocités boches", comme s'il n'y avait de soldats défigurés que dans un camp...

dimanche 6 septembre 2009

Photographies rares sur la Grande guerre.

Ce dimanche, je suis allé voir la très belle exposition du musée de la Coupole de Wizernes sur les images et les paysages de la Grande guerre dans la région. Voici, avec l'aimable autorisation du personnel du site, quelques photos très rares qui éclaireront certains aspects du cours de cette semaine. De haut en bas :
-Une preuve que la guerre offensive de l'automne 1914, si rarement prise en photo, a été meurtrière. Ici, un bataillon de tirailleurs sénégalais fauché dans un champ par une seule rafale de mitrailleuse allemande dans la région d'Arras à la fin de l'été 1914.
-Une photo montrant le creusement des premières tranchées françaises. Souvent, au commencement de la nouvelle guerre défensive, les boyaux sont profonds de moins d'un mètre et les hommes doivent marcher en se pliant. Notez que les tenues de camouflage des poilus et les casques Adrian ne sont toujours pas là.
-La guerre des tranchées a parfois été une guerre urbaine, une bataille de rues, surtout dans notre région minière. Ici, des tentures de camouflages masquent des combattants britanniques dans les corons de Liévin.
-Une attaque au gaz dans la région de Cuinchy vers 1916.
-Au début du conflit, les soldats prennent en photo les cadavres de leur propre camp. Témoignage, recherche du spectaculaire, que la presse monnaye bien. Puis l'armée censure pour éviter toute démoralisation. Mais il n'est pas interdit de prendre le cliché d'un cadavre ennemi, comme un trophée de guerre. Ici, le squelette d'un combattant canadien (preuve que tous les combattants ne sont pas ramassés sur le champ de bataille) pris par un photographe amateur allemand.
-A l'arrière, les civils souffrent d'une occupation allemande rude. En 1918, se retirant de la ligne Hindenburg, les troupes ennemies dynamitent toutes les fermes avant l'arrivée des Alliés. Politique de la terre brûlée...



Mémoire du dernier poilu français.

Un reportage du JT de France 2 sur le dernier poilu français, Lazare Ponticelli, mort récemment. A comparer avec votre étude des carnets de l'aspirant Laby.

mercredi 2 septembre 2009

Cartes du front nord-ouest durant la Grande guerre.

Des cartes :

Difficile de trouver de bonnes cartes sur l’évolution du conflit. L’atlas historique du site de Sciences Po (Paris) peut être d’une aide précieuse :

-carte du front nord-ouest en 1914.

-carte du front nord-ouest en 1915-1916.

-carte du front nord-ouest en 1917.

-carte des offensives de 1918.

La Première Guerre mondiale dans votre environnement proche.

La Grande guerre a marqué votre espace proche, parfois de façon évidente.

Habitants de Sains-en-Gohelle, voici un site remarquable qui évoque votre ville durant le conflit.

La nécropole de Lorette, marquée des milliers de morts que le conflit a laissé sous vos pieds. Notre secteur est aussi un immense cimetière…

Une tranchée mise en scène sur le site canadien de Vimy.
Nous visiterons ces sites courant octobre…

Notre département a gardé moins de traces des combats (anciennes tranchées notamment) qu’à l’est du pays. L’urbanisation, les nouvelles zones industrielles, les voies de communication, les parcelles agricoles agrandies et remembrées ont effacé un grand nombre de vestiges. Pourtant, avec un avion et un bon œil exercé... Ici, des traces de mines explosées (les taches blanches) dans l’ancien no man’s land (délimité par les lignes bleues) dans le secteur d’Arras nord.

Certains endroits proches de Sains-en-Gohelle paraissent méconnaissables lorsque l’on regarde les cartes postales de l’époque : La Targette, à côté d’Aix-Noulette.















La reconstruction des villes dans les années 1920 a complètement transformé certains paysages urbains. Voyez Béthune, sa Grand place et son beffroi :
-avant 1914
-après 1918
-aujourd’hui…
-une vue des façades restaurées dans années 1920.









Petit conseil : c’est bientôt le week-end du patrimoine. Béthune organise une visite guidée gratuite des monuments reconstruits après la Grande guerre. Si cela vous tente…

Pour les 3e : la Première Guerre mondiale, données essentielles pour le brevet.

Vocabulaire :

Armistice : arrêt des combats, mais qui n’efface pas l’état de guerre entre deux pays.

Arrière : partie du territoire en dehors de la zone de combat.

Censure : rétention volontaire d’une information dangereuse ou gênante par un état ou un média.

Emprunt de guerre : emprunt d’état réalisé durant le Première Guerre mondiale, dont le but est de financer la production d’armes en insistant sur le patriotisme des civils de l’Arrière.

Front : Zone de combat

Génocide : destruction planifiée d’un groupe humain (génocide arménien mené par l’état turc entre 1915 et 1916).

Guerre de mouvement : stratégie de conquête du territoire ennemi, fondée sur des attaques rapides et des batailles décisives.

Guerre de position : stratégie visant à défendre un territoire avec des troupes immobiles.

Guerre totale : guerre touchant les hommes, civils ou militaires, l’économie, la culture et la politique.

Inflation : flambée des prix.

Mutinerie : refus collectif d’une armée d’obéir aux ordres.

Pacifisme : mouvement de refus de toute forme de guerre.

Propagande : pression exercée par un état sur son peuple pour lui manipuler l’esprit et les idées.

La liste des dates repères de 3 e à savoir par cœur :

Août 1914, début de la Première Guerre mondiale.
1916, bataille de Verdun.
1917, Révolution russe.
11 novembre 1918, armistice.

Le nom des grands personnages :

Clemenceau (1841-1929) : homme politique français (radical). Il est pour la seconde fois, président du conseil en 1917. Par ses mesures énergiques, il assure une bonne tenue de l’état en temps de crise. Il est l’un des principaux artisans du traité de Versailles de 1919. Surnommé le « Tigre » ou le « Père la Victoire ».

Pétain (1856-1951) : général chargé en février 1916 de la défense de Verdun. Il en tire un grand prestige qui lui vaut de devenir maréchal de France en 1918. [1er parte].

Lénine (1870-1924) : né dans une famille bourgeoise russe, il entreprend des études de droit et adhère au Parti social-démocrate avant de devoir s’exiler pour ses opinions anti tsaristes. Il revient en Russie après la révolution de février 1917, expose ses idées dans les « thèses d’avril » et s’empare du pouvoir après la révolution d’octobre 1917.

Wilson (1856-1924) : président démocrate des Etats-Unis de 1912 à 1920. Très réticent face à la guerre en Europe, il décide de faire entrée son pays dans le conflit en 1917. Il énonce en 1918 « 14 points » censés garantir une paix durable et la liberté des petites nations. Il est l’inspirateur de la Société des Nations.

Des conseils pour les plus curieux :

Deux témoignages de guerre très forts :

E.M. Remarque, A l’ouest, rien de nouveau.
Henri Barbusse, Le feu.

Un recueil de lettres de poilus français :
Paroles de poilus.

Deux très beaux romans, bien adaptés au cinéma :

Marc Dugain, La chambre des officiers –adaptation par François Dupeyron.
La convalescence en forme de calvaire d’une « gueule cassée », grand-père de l’auteur. Court mais fort. Le film est beau, grave et solennel.

Sebastien Japrisot, Un long dimanche de fiançailles –adaptation par Jean-Pierre Jeunet.
Une jeune femme recherche son fiancé porté disparu, peut être exécuté par l’armée française pour s’être auto-mutilé. Le roman est épatant, le film renouvelle la façon de montrer les combats de la Grande guerre au cinéma.

Une BD :

Tardi, C’était la guerre des tranchées, Casterman.
Tardi est le seul a avoir donné une réelle intensité graphique aux combats des tranchées.

Et un chef d’œuvre du cinéma :

Stanley Kubrick, Les sentiers de la gloire. Un pamphlet en noir et blanc contre la façon absurde dont les généraux ont mené la guerre dans les tranchées. Longtemps interdit en France.

Les bouquins sont tous disponibles en poches à petit prix, au CDI du collège et dans les bonnes bibliothèques. Les films disponibles en DVD.